TGD 6 / Brassage

15 novembre au 3 décembre 2006 – Halle Nord/Centre d’art en l’Ile – Genève

Avec le soutien de:

« En devenant avec le monde, l’art ne le représente pas, ne le reproduit pas, il contribue à le produire. L’art est à la fois produit et producteur du monde. Il résonne avec le monde selon ses moyens propres qui sont ainsi inséparablement esthétiques et politiques : esthétiquement politiques. »
André Rouillé – « Africa Remix, les discours et les œuvres » – www.paris-art.com – juillet 2005

Depuis 2001, le Collectif Artistes Plasticiens organise des échanges artistiques qui se déroulent à tour de rôle dans trois villes : Tambacounda, Genève et Dakar. A ce jour, plus de 250 artistes, étudiants d’écoles d’art ou collégiens, originaires de 20 pays ont pris part à ces échanges qui se succèdent chaque année sous le sigle de TGD.

Pour sa 6e édition, soit TGD6, le Collectif Artistes Plasticiens (CAP) a investi la Halle Nord du Centre d’Art en l’Ile, mise à disposition par la Fédération Act’Art, pour présenter des oeuvres de huit artistes membres du collectif. Deux Tambacoundois, deux Dakarois et quatre Genevois. Durant l’exposition, le film de Catherine Gerber sur le workshop international TGD4, dont les images ont été montées par Christian Soto, a été vu par un grand nombre de visiteurs, ce qui leur a permis de découvrir d’autres facettes du CAP.

Encore un TGD ?
Parce que l’envie est encore intacte de poursuivre les échanges entre des artistes de Tambacounda, de Genève, de Dakar … ou d’ailleurs, pour leur permettre de montrer et de confronter leurs démarches, de continuer à tisser les relations créées depuis la 1ère édition de TGD. Parce que l’évolution des parcours d’artistes est passionnante et que ces rencontres à géographie et durée variables, auxquelles les artistes prennent part régulièrement ou ponctuellement, sont des espaces et des temps où se concentrent et se brassent des énergies. Parce que bien plus qu’une confrontation entre artistes de deux continents, c’est celle de différents statuts d’artistes qui continuera à s’opérer durant TGD6 : des artistes reconnus internationalement face à de jeunes artistes ; des artistes sortant des écoles d’arts face à des autodidactes ; des femmes artistes face à des hommes artistes ; des artistes utilisant la technologie numérique face à des artistes travaillant la terre, la peinture, le papier ; bref des artistes face à des artistes, ceux de notre monde.

L’exposition
André-William Blandenier, designer et plasticien, a mis en espace l’exposition en formant quatre duo d’artistes afin, par le jeu des confrontations et/ou des complicités, d’offrir un lieu où le visiteur lui-même est confronté à ses propres préjugés: artiste africain ? artiste occidental ? artiste brut ? artiste contemporain ?
Exposer le travail de huit artistes, dont plus de la moitié a proposé des œuvres de grandes dimensions, dans un espace certes beau, lumineux et très bien situé mais avec une surface au sol de taille moyenne et de grandes baies vitrées difficilement exploitables, constituait un défi qu’André-W. Blandenier a habilement relevé en proposant un parcours du premier au quatrième duo, circulant entre deux cimaises placées en diagonale et ponctuant l’espace. Evitant la lourdeur et la monotonie, la mise en espace d’André-W. Blandenier a donné à chaque œuvre sa place, la mettant en résonance avec l’ensemble, sans l’y fondre ni lui faire prendre le dessus.
Le Centre d’Art en l’Ile est situé sur le parcours de la promenade Au Fil du Rhône, que de nombreux genevois empruntent pour aller sur leur lieu de travail ou pour une flânerie alliant nature et culture. En dehors du vernissage qui a attiré plus de 200 personnes, la fréquentation moyenne du mardi au samedi était de 18 visiteurs par jour et le dimanche de 60 visiteurs. Au total, presque 600 personnes ont vu l’exposition.
Le gardiennage a été assuré par les artistes et les membres genevois du CAP. Bon nombre de visiteurs ont exprimé leur intérêt pour l’exposition, les artistes, les œuvres, les activités du CAP.
Un grande satisfaction a été manifestée pour la découverte d’œuvres d’artistes africains qu’on a peu ou pas l’occasion de voir en Suisse, mais aussi pour la spécificité du CAP et du projet TGD qui évolue depuis 2001.
Pour visionner un aperçu de l’exposition, cliquez ici.

Les artistes
photos: Cristian Soto

Andre-William Blandenier & Soly Cissé
Amadou Camara Guèye & Igor Denegri
Mélanie Derron & Djeynaba N’Diaye
Lorédane Straschnov & Saliou Diop

Soly Cissé est né à Dakar en 1969, où il vit et travaille. Formé à la peinture et à la sculpture, il est sorti major de sa promotion à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Dakar en 1996, où il a cependant opté pour la section ‘design’ : le mobilier, les objets, l’environnement et l’aménagement. Par-là, il choisit d’emprunter un détour : sa vision plastique exigeait, dit-il, d’échapper à l’emprise académique pour sauvegarder sa liberté créative. Dès 1995, il s’essaye aussi bien à la photographie qu’à la scénographie. Il est sélectionné à la Biennale de Sao Paulo en 1998, à la Biennale de Dakar puis à celle de La Havane en 2000. Il a participé à l’exposition Africa Remix présentée à Düsseldorf, Londres et au Centre Pompidou à Paris, ainsi qu’aux expositions Des Hommes sans Histoire ? au Musée des Arts Derniers et Création contemporaine au Sénégal au Musée Dapper, Paris. Il a pris part à TGD1 et TGD2.

Amadou Camara Gueye est né en 1968 à Bignona au Sénégal. Il vit et travaille à Dakar dans le quartier populaire de Pikine, très présent dans ses peintures. « L’œuvre d’Amadou Camara Gueye est une promenade citadine, dans ces quartiers que l’on n’habite que faute de mieux, mais où s’entassent pêle-mêle, grandes misères et petites joies, laideurs et vertiges, violence et tendresse en un kaléidoscope improbable » (S. Sankalé). Par sa démarche artistique, A. Camara Gueye veut « éclairer tout ce qui est sombre dans la vie … je raconte tous les maux de la société, je suis donc un conteur, un poète de la rue qui ne vit que par son art ». Il travaille le plus souvent sur de grands formats des oeuvres aux compositions imposantes desquelles il dit : « J’ai une approche spontanée de l’œuvre à réaliser : le trait du dessin jaillit librement. Ensuite, tout est question de rééquilibrage ». Promu de l’Ecole Nationale des Beaux-arts de Dakar en 1997, il expose internationalement depuis l’an 2000 et nationalement depuis 1993. Il a participé également à l’exposition Création contemporaine au Sénégal au Musée Dapper, Paris et, en 2005, au National Black Fine Art Show, The Puck Building à New York (USA). Il a pris part à TGD2 et TGD4.

Djeynaba N’Diaye est potière à Tambacounda où elle est née vers la fin des années 50. Mère de famille nombreuse n’ayant jamais fréquenté l’école, elle a été formée traditionnellement à travailler l’argile par sa mère potière elle aussi, mais Djeynaba ne s’est pas contentée de façonner des objets utilitaires et a toujours créé des petites figurines très expressives représentant des créatures animales ou humaines.
En 2002, lors de son séjour à Genève pour TGD2, elle s’est mise à peindre et à dessiner. Dans une oeuvre prolifique, elle extériorise sa vision de la société dans laquelle elle vit, à travers des travaux très colorés qui dénotent une forte personnalité, une assurance et une audace plastiques étonnantes.
Ses travaux, plus de 300 à ce jour, sont principalement des dessins de format A3 ou A4 à la craie grasse ou au crayon couleur. Depuis 2004, elle a aussi utilisé des papiers kraft récupérés pour réaliser des travaux plus grands. En 2005, le CAP lui a fourni de l’acrylique et elle a entamé une série de peintures sur toile de petits formats.
Djeynaba N’Diaye a pris part à toutes les éditions de TGD.

Saliou Diop est né à Tambacounda en 1974. Suite à un accident de travail survenu en 1996 sur un site qu’il décorait, il est malvoyant. Il achèvera son cursus à l’Ecole Nationale des Arts de Dakar en octobre 2006 . Sa démarche artistique a beaucoup évolué durant quatre ans passés dans l’atelier de M. Dioume. Il travaille la matière sur des œuvres proche du bas-relief, composées d’éléments peints, dessinés, découpés, récupérés, collés, attachés, cloués. De ses travaux se dégagent l’énergie et l’inventivité que Saliou Diop conjugue pour créer en recourant autant à sa vue qu’à son toucher et à sa mémoire, appréhendant et sondant ses thèmes de façon « multi sensorielle », restituant à notre regard sa vision intense et complexe. Il a pris part à TGD1, TGD2, TGD3.

Andre-William Blandenier, designer et plasticien suisse, est né en 1959. Diplômé de l’école de l’Ecole des Arts décoratifs de Genève, il vit et travaille à Genève. Il a vécu plusieurs années à Paris, puis à Rome et Milan et collaboré avec les architectes Mario Botta et Massimiliano Fuksas. Il a créé du mobilier et des objets édités en France, en Italie et en Allemagne et travaillé, notamment, pour la maison Hermès à Paris, les montres Swatch, la maison Baleri à Milan et les joailliers Chopard et de Grisogono à Genève.
André-William Blandenier effectue un travail de recherche plastique sur la relativisation (et une certaine dérision) du monde du design et du graphisme dans le quotidien intime et personnel. Il a pris part à TGD3.

Igor Denegri est né en 1970 à Baltimore / Maryland – USA. Il grandit en France et en Allemagne, puis s’établit en 1988 à Genève pour étudier à l’Ecole des Arts Décoratifs. En 1996, il obtient son diplôme de l’Ecole Supérieure d’Art Visuel de Genève où il a suivi un cursus dans l’atelier Défraoui. Vidéo, peinture, photo, installations, radio et sound system dj, Igor Denegri a participé depuis 1993 à des projets et des expositions à la Galerie Aphone, au Kunsthaus de Berne, à la SIV de St-Gervais, au Centre d’Art de Neuchâtel, à la Galerie Art&Public à Genève, à Fri-Art à Fribourg, à la Galerie Attitudes, à la Galerie du Flon à Lausanne. A travers des travaux plastiques variés, utilisant des mediums divers, Igor Denegri met en scène des interrogations sur le monde contemporain et ses réalités, ainsi que sur la place de l’art dans notre société occidentale. Il a pris part à TGD4.

Mélanie Derron est née à Genève en 1977. Diplômée de l’ESBA de Genève depuis 2003, elle est bergère dans un alpage de la vallée de Joux six mois par an. Elle développe une démarche artistique intimiste et poétique à travers la vidéo, le dessin, l’écriture, le mouvement. Comme ces scènes de vie autour d’un puit filmées au Sénégal et projetées sur un petit monticule de sable sous une tente improvisée de bâches en plastique (Europ’Art 2006), ou encore des mots d’artistes qui flottent au fil du Rhône (Bâtie 2006). Elle crée aussi des association d’images glanées, de films de famille et d’animisme du quotidien. Mélanie Derron a pris part à TGD3 et TGD4.

Lorédane Straschnov est née en France en 1979. Des beaux-arts à l’indépendance, de la peinture à la sculpture, elle oriente ses préoccupations vers le mouvement. Un mouvement qui se veut fixe, un mouvement nommé mouvement de l’imaginaire par Bachelard, qui reste l’enjeu même de sa démarche. Il prend forme par l’objet et se construit autour de trois principes : la ligne, la structure et le recouvrement. La ligne, envisagée comme axe, définit l’orientation de l’objet, la structure se pose en tant que contrainte pour solliciter le mouvement et le recouvrement apporte la densité tout en organisant le code et donne ainsi corps à l’enjeu sculptural.
Voyageuse inconditionnelle, Lorédane Straschnov investit par sa démarche artistique chaque lieu qu’elle traverse. Elle a notamment travaillé avec Takis en Grèce. Elle a pris part à TGD1, TGD2 et TGD4.

Organisation du projet
Maya White et Anne Jaquier ont pris en charge l’administration et la communication de TGD6.
André-W. Blandenier a élaboré le plan de l’exposition, la signalétique, il a préparé le matériel et l’espace, a effectué le montage et le démontage avec Hassane Sarr.
Ousmane Dia a assuré la coordination avec les artistes sénégalais avant et pendant l’exposition.
Christian Soto a réalisé les portraits photos des artistes pour les cartons, les affiches et la signalétique.

Remerciement spécial à l’Ambassade de Suisse à Dakar pour son soutien à TGD6.