TGD4
Tambacounda – Genève – Dakar / 4ème édition
Workshop dans la ville du 13 au 24 décembre 2004

Les financements du workshop émanent d’Africalia en Belgique, de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie, de la Fondation Sonatel au Sénégal, de Nestlé Sénégal.
Au total 69 personnes, dont 6 étudiants américains (University of Missouri, St.Louis), 5 étudiants maliens (Institut National des Arts de Bamako), 4 étudiants sénégalais (Ecole Nationale des Arts de Dakar), ont pris part au workshop. Venus de 16 pays (voir liste), s’exprimant à travers la peinture, la sculpture, la vidéo, la photo, le texte, l’installation, la performance, le dessin, ils ont investi des lieux très divers de la ville.

Lors d’une réunion initiale avec tous les artistes à l’hôtel Asta Kébé, où tous étaient logés, les organisateurs ont énoncé les principes du workshop : priorité à la rencontre et à l’échange avec les autres invités et avec les tambacoundois, travail à partir des matériaux disponibles à Tambacounda (récupérés ou achetés), liberté d’intervention ouverte à toute la ville (avec demande d’autorisation préalable quand nécessaire), aucune production exigée.
Un matériel de base a été fourni dès le premier jour du workshop (peinture acrylique blanche et couleurs, pinceaux, toile, colle). Pour le reste, les artistes ont été invités à visiter la ville, à faire des repérages, puis à aller chercher le matériel avec lequel ils souhaitaient travailler dans les commerces, au marché ou sur les emplacements où ils avaient vu des objets récupérables. Ce procédé leur a permis d’entrer en contact direct avec la ville (et ainsi de découvrir l’emplacement où ils allaient intervenir), ses habitants et souvent de créer des liens avec des personnes qui ont fini par les assister dans leur travail. Aller chercher de l’argile ou de la terre de termitière en brousse, transporter des carcasses de voitures sur des charrettes, négocier le prix de fournitures telles que T-shirts de seconde main, pagnes teint à l’indigo, outres faites de vieilles chambres à air de voiture servant à puiser l’eau, récolter des vieux matelas mousse, des cornes et des intestins des vaches tuées aux abattoirs, ont été les occupations, parmi d’autres, des artistes les deux premiers jours.

Sur le plan de la rencontre et des échanges, les objectifs sont atteints. En effet, que ce soit les commerçants des boutiques ou des marchés, les passants, les écoliers, un bon nombre de Tambacoundois a pu assister ou s’impliquer dans le processus de création ou dans les performances des artistes. Les alentours de la gare, les jardins de la Mairie, plusieurs établissements scolaires, le stade, le marché, la rue commerçante principale (rue Aïnina Fall), mais aussi des lieux plus isolés, comme l’abattoir, ont vu les artistes proposer des interventions de diverses natures (peintures murales, sculptures, installations, performances, interventions sur les bâtiments). Entre les artistes eux-mêmes, qui pour la grande majorité ne se connaissaient pas auparavant, les rencontres ont aussi donné lieu à des collaborations intéressantes et leur ont permis de nouer des liens durables.

Le Complexe culturel régional a été le théâtre d’une activité intense tout au long de l’échange. En effet, sa directrice nous a ouvert largement les portes et il est devenu le quartier général où tous se réunissaient pour prendre les repas de midi. Il a également abrité les artistes qui intervenaient directement sur le bâtiment ou dans sa cour et ceux qui préparaient une œuvre qui allait y être exposée ou être installée ailleurs une fois achevée. De nombreux enfants l’ont fréquenté durant TGD4 et ont pu peindre, modeler, installer, jouer en compagnie des artistes.

Les objectifs que l’on pouvait viser sur le plan artistique sont également atteints. Une cinquantaine d’œuvres a été créée durant TGD4, dont une vingtaine restera installée sur une longue période dans la ville (Centre culturel, abords de la gare, rue Aïnina Fall, stade, divers établissements scolaires, rue Kandjoura Noba, maison de l’ancien adjoint du préfet) enrichissant le patrimoine artistique de la ville. Les étudiants maliens et les étudiants sénégalais ont peint des fresques murales, tandis que les étudiants américains ont réalisé des petits livres d’art sur Tambacounda à l’aide d’un matériel informatique emmené avec eux. Ces mêmes étudiants sont rentrés à St.Louis avec du matériel récolté sur place (photos, interview d’artistes, films vidéo) dans le but d’éditer un cd-rom sur TGD4 et des pages pour le site web du CAP. Ce travail sera pris en compte dans leur cursus universitaire. Catherine Gerber, vidéaste suisse, a suivi les artistes tout au long du projet et réalisera un film documentaire sur l’ensemble des volets de TGD4.

Les 23 et 24 décembre des visites ont été organisées pour faire le tour, guidés par les artistes, de tous les lieux d’intervention. La visite du 24 s’est terminée par une fête à l’Hotel Asta Kébé.
Des relations entamées entre les artistes à Tambacounda ont donné lieu immédiatement à d’autres formes d’échanges puisque certains se sont rejoints en Casamance ou à Dakar pour poursuivre une collaboration artistique dans la foulée de TGD4. Tous les invités ont quitté Tambacounda le 25 décembre en exprimant leur satisfaction quant à l’opportunité qui leur a été offerte de découvrir cette région du Sénégal (que bon nombre de Dakarois n’avaient eux-mêmes jamais visitée!), d’échanger sur un plan humain et artistique avec leurs pairs de 16 pays (la majorité d’entre eux n’avaient jamais eu accès à un contexte multiculturel aussi large) et leur plaisir d’avoir été de l’aventure. Pour les artistes Tambacoundois cette ouverture a également été d’un grand bénéfice, donnant une visibilité et une reconnaissance à leur pratique artistique.